5. Les circonstances historiques qui précipitèrent la mort de Jean-Denis Pons Alexandre de Long
En ce 6 avril 1794, la Société Montagnarde tient une réunion publique au théâtre d'Auch. Une brique est jetée de la galerie sur la scène ; elle atterrit aux pieds du représentant du peuple en mission, Dartigoeyte (1), sans le blesser.
Cris d'effroi, clameur de colère. On arrête l'auteur présumé de cet attentat, un jeune agriculteur mirandais de 22 ans nommé Lacassaigne. Cet incident sert de prétexte à la venue à Auch de la Commission militaire de Bayonne. Celle-ci, forte de 5 membres " arrive en voiture de poste le lundi 14 avril 1794... passe la plus grand partie de la nuit à examiner les dossiers."
cf. ci-contre le plan de la ville de Mirande
Le lendemain, on envoie chercher l'exécuteur des hautes oeuvres, Jean Rascat. Les membres de la Commission militaire, muée en "Tribunal extraordinaire" vont tenir leurs sanglantes assises dans la salle de l'Hôtel de Ville. "De 11 heures du matin à 3 heures su soir, ils condamnent à la peine de mort Pierre Lacassaigne..." ainsi que cinq autres accusés, dont deux marquis, un seigneur, un Chevalier de saint Louis...
Le 16 avril sont condamnés à mort trois autres prévenus, parmi lesquels figure "Jean-Denis Pons Alexandre de Long, âgé de 56 ans... domicilié à Marciac... accusé d'avoir tenté d'avilir la souveraineté du peuple et prêché le fanatisme, d'avoir dit que la passion et le crime étaient les seules ressources des patriotes, que la France était détruite et les peuples étrangers à même de l'envahir."...
... Les prévenus se trouvent emprisonnés dans la tour des Archives... Escortés par des gendarmes, ils sont conduits à l'Hôtel de Ville à travers la foule qui, parfois, les injurie et les frappe."
(1) A compter du 1er avril 1793, le Comité de Salut Public exerce sur la population un contrôle rigoureux par l'intermédiaire de ses délégués chargés de pleins pouvoirs.
Dans le Gers et dans les Landes le Condomois Ichou et le Landais Dartigoeyte usèrent et abusèrent de leurs pouvoirs pour semer la terreur. Ces excès prirent fin avec la chute de Robespierre, le 9 thermidode An II (27 juillet 1794).
Maurice Serres - sources : Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Gers (1er Trim 1923)
Commentaires