6. Les circonstances de l'arrestation de Jean-Denis Pons Alexandre de Long et de la condamnation de sa servante, Catherine Dufour
Du fond de son cachot à porte de fer, à la tour du ci-devant Evéché,M. Alexandre de Long écrivit, le 5 de la 1ere décade de nivose, An II, aux Représentants des Provinces à Auch :
La maison de de Long occupait l'angle nord est de la place : la photographie restitue l'importance du bâtiment. Idem pour ce qui est l'arrière de cette propriété et qui donnait rue de Gimont. Cf. photographie ci-apès. "Le 1er octobre dernier, je fus arrêté à Marciac par deux gens d'armes, au nom de la Loy. Il n'y pas de mauvais traitement que je n'ai essuyé de ces gens là. Depuis la maison où je fus arrêté, jusqu'à Bassouès. Je ne pus régler aucune affaire domestique. Arrivé à Auch, je fus obligé d'user de ruse pour envoyer au Président du Département une pétition qui est restée sans réponse malgré qu'elle instruisit les administrateurs des vexations qu'on nous faisait éprouver.
Huit jours après, ces mêmes gendarmes se conduisirent de la manière la plus atroce... ils revinrent comme des furieux l'arme blanche en main pour me traîner au sénéchal. Il n'y a pas de menace, de propos qu'il ne me fallut essuyer... Je fus mis avec des assassins, des voleurs... dans un cachot infect.... Rendu à l'évêché, j'y ai demeuré jusqu'au 8 de la 2e décade de frimaire. Un des anciens gendarmes vint me signifier de le suivre porteur d'un ordre du .... pour me conduire à la Tour où je suis depuis cette époque comme le plus grand criminel, sans ... précisément quels sont mes crimes, n'ayant jamais été appelé.... Je suis assuré de mon innocence que je consens à subir toutes les peines que la loy prononcera. Obtenez le même ... de mes ennemis et mon affaire sera bientôt jugée et il sera fait un exemple nécessaire dans une république où l'on a admis des jeunes gens pour administrateurs qui ne sont pas surement capables de gérer leurs propres affaires et la vie, la liberté, la fortune des administrés est entre de pareilles mains.
Je vous demande donc de vouloir bien me faire appeler et me retirer de ce lieu infect et... par tant d'autres raisons... Je vous demande la liberté que doit avoir tout républicain. De poursuivre toute ... inciviques et de ... avec l'accusateur public les faire servir d'exemplee à tous les faux patriotes, et délivrer le département du Gers de ses tyrans...
Nb : ... mots illisibles ou narration non détaillée
Tout porte à croire que les administrateursse rendirent à l'évidence et prirent en pitié le triste sort de d'Alexandre de Long. Le 6 de la 2e décade de ventose, de Long adresse une nouvelle pétition aux citoyens composant le Comité de Sûreté Générale. ... "Du ci-devant séminaire maison de réclusion à Auch... Mort aux tyrans, aux anarchistes, aux royalistes... " Dans cette supplique de Long se montre ardent patriote, républicain... Il se plaint des mauvais traitements qu'on lui fit endurer encore dans le séminaire. Deux fois déjà, affirme-t-il, il a écrit pour qu'on lui rende ses affaires et l'on a point jugé à propos de faire droit à ses réclamations.
Il écrivit d'autres missives, hélas interceptées et mal interprêtées causèrent sa perte. S'adressant à sa servante, Catherine Dufour, à qui il faisait du fond de sa prison des recommandations concernant son mobilier de Marciac, son linge, les arbres de son jardin et mille autres petits détails insignifiants, il ajouta ces mots : "Je suis très aise que tu aies fait hamabilité à nos sans culottes ; il faut les caresser ; il y en a parmi eux qui sont bons enfants. Ce n'est que la mauvaise compagnie qui les rend méchants et dans un moment ils peuvent nous venir très utiles. On ne leur dit cependant ce qu'on veut bien qu'ils sachent... La maison (Séminaire) est pleine jusqu'au bout. On a détruit ici toutes les marques du christianisme. On en fait tant qu'à la fin on verra que les promesses et les crimes sont les seules ressources... déjà ils s'entredétruisent ; leurs armées sont sans généraux, nos armées sans provisions, nos soldtas sans discipline. Il en périra plus par la mauvaise administration que par le sort des armes. Je vois la France détruite et les peuples voisins prêts à nous enhavir..."
Quant à Catherine Dufour, au service de de Long, elle fut condmnée à 6 mois de réclusion et à être exposée sur la guillotine pendant trois jours de marché et deux heures chaque fois, aux regards du peuple, avec un écriteau portant ces mots "Mauvaise citoyenne.." ... parce qu'elle avait participé aux sentiments aristocratiques et fanatiques de son maître.
Source : documents archives diocésaines d'Auch.
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