13.3 La vie en Gascogne pendant la Révolution - la disette ... l'entraide (3)
Source : " Histoire de la Gascogne des origines à nos jours" (sous la direction de Maurice Bordes. Ed Horvath 1982) et dont s'est inspiré Maurice Serres pour rédiger cet article.
Les deux articles précédents font état de la demande faite par les habitants de Tilhac, Monlezun et Semboues d'obtenir l'autorisation d'acheter des céréales dans le département voisin des Hautes Pyrénées.
Or, dans l'ouvrage cité ci-dessus ( à la rédaction duquel a participé G. Courtès), un chapitre s'intitule : " Où il aurait fallu que le blé soit une manne pour l'armée et les départements voisins ..."
On apprend que, en cette période cruciale, la disparition de l'Intendance, conjuguée avec la dépréciation de la monnaie, le chômage des saisonniers et la fameuse loi "sur le maximum" (1) provoquent une situation de crise très grave en encourageant "l'accaparement", refus plus ou moins avoué de vendre le produit des récoltes, notamment le blé.
Ainsi, dès septembre 1791, le négociant de Fleurance chargé par le Directoire du Gers d'acheter du blé expose "Nous nous rendimes à Estafort où nous ne fimes que 200 sacs bled mezure dudit Estafort... mais ils veulent de l'argent..."
Ailleurs, on craignait une "Vendée des bordiers" (2) qui refusaient très justement d'être toujours taxés sur la dîme de l'Ancien Régime. Ceux de Mirande, Miélan et Montesquiou déclarèrent : "On fera sauter la tête des premiers propriétaires qui se présenteront pour exiger la dîme qui nous appartient en entier".
Lantrac (3) envoya l'armée (des troupes et un canon !). On arrêta puis relâcha cinq bordiers. "Ce fut un jaillissement contracdictoire d'arrêtés de chaque représentant en mission, les uns ordonnant d'acheminer et qui de renfermer le blé" destiné à l'Armée des Pyrénées.
En promettant au Gers du blé des Landes à restituer récolte faite. On interdisait la farine pour les perruques et l'amidon des "sybarites"(Larousse : personne qui mène une vie molle et voluptueuse comme les habitants de Sybaris... ville d'Italie détruite en 515 avt J-C célèbre par la mollesse de ses habitants qui a passé en proverbe).On réquisitionnait le bléen promettant le riz des vaisseaux anglais ... à conquérir....
Parmentier Antoine-Augustin : image google Les Sociétés populaires parlaient des pommes de terre que l'on connaissait déjà en Ariège (4). L'ancien chanoine Monestier ordonna d'en remplir les jardins abandonnés par les émigrés. Il fit même une espèce de mandement ordonnant " "carême civique" pour fournir des jambons à l'armée. On disait en ville que l'on allait guillotiner les bouches inutiles !!!
Comme on le voit, la vie devait être bien difficile dans une économie de guerre fort improvisée où tout était sujet à réquisition ...
(1) La loi "sur le maximum" fixait le prix au-dessus duquel il était interdit de vendre certaines denrées.
(2)La "borde" désignait à l'époque la métairie (en dialecte gascon : uo bordo). Le bordier était donc le métayer.
(3) François- Michel Lantrac, médecin et homme politique, ami du fameux Dartigoeyte (cf. épisode n° 56 de la rubrique Nouveau ... consacrée à l'hisoire (de Marciac) racontée par les objets) qui s'employa avec lui à organiser la "Terreur" dans le Gers afin d'assurer le salut de la Patrie et de la République. Il fut arrêté et incarcéré après la chute de Robespierre.
(4) Antoine Parmentier, ingénieur agronome français, généralisa à cette époque la culture de la pomme de terre, inconnue jusque là.
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