14. Cloches et clochers sous la Révolution
La Convention, qui n'avait réservé qu'une cloche par église pour la vie publque, avait ordonné de ramasser le bronze pour l'armement.
Les églises livrèrent les métaux précieux et, dans le Gers, les nobles ceux de leurs chapelles.
L'armée demandait des armes. Valentine (1) livra, le 24 octobre 1793, cloches et matériel de cuisine en cuivre. Dans les Landes, un ancien médecin, Darcet, publia en l'An II un mémoire sur la fabrication du fer et sur "l'art de séparer le cuivre du métal des cloches".
En 1793, on décida que les briques du clocher des Cordeliers de Tarbes serviraient à construire un four. On ramassa des charettes de cloches concassées. Le district de Saint Palais envoya à Tarbes 380 quintaux. En l'An IV, on vendit l'édifice sans qu'on puisse dire si un canon en était jamais sorti.
Le lyrisme révolutionnaire engendra de nouveaux cultes, dont celui de "l'Etre Suprême". Afin d'effacer l'image d'un pays christianisé dans les campagnes gasconnes, on tenta de s'en prendre aux clochers... Tarbes sauva les siens sous la bonne raison que l'on ne peut savoir l'heure sans horloge.
Les populations tenaient à leurs orgues et à leurs cloches. Fidélité religieuse, esprit de clocher, habitudes des emps d'orages, poussaient les Gascons à regretter leurs clochers. Ainsi, dans le Gers, n'avait-on pas observé que, dans un pays où, de Floréal (avril/mai) à Vendémiaire (septembre/octobre), les grêles sont fréquentes, le bruit des canons de bronze avait empêché des orages pendant la guerre d'Espagne (?). [ observation, intuition ..... il semblerait que les méthodes du XXIe siècle n'ont rien d'innovantes, si ce n'est les moyens mis en place, mais la finalité reste la même !]
Si nombre de cloches furent fondues au cours de ces années là, les campanographes signalent de nombreuses exceptions : ainsi, à Rieux ... [ il n'est pas dit laquelle ? ville du Morbihan -56-, Nord -59-, Oise -60-, Ariège -09- ou Aude -11- .... ???]une cloche de 1502, à Saint Gaudens une de 1356... Et que dire des paroissiens de Forcets (hameau voisin de Miélan) qui travaillaient placidement à leur église en 1793 ???? (2)
La petite cloche de l'église Saint Pierre de Marciac connut un heureux destin pour une raison bien différente. Nous conterons plus tard son histoire car, depuis cinq siècles, elle n'a jamais cessé de faire entendre son timbre élégant à tous les Marciacais... Elle trône toujours au troisième étage de la flèche rénovée de l'église, Notre-Dame de l'Assomption.
Elle figure en illustration, photo de l'auteur de l'article Maurice Serres.
(1) Faïencerie dont la marque de fabrique était un moulin à vent, créée par le fondateur de Moustiers. L'étain et la faïence étaient à la mode parmi une clientèle riche.
'2) Une "pétition", adressée au District de Mirande le 18 janvier 1792, demandait instamment que le hameau de Forcets soit érigé en Commune autonome et ne dépende plus de Miélan...
Source : Pour l'essentiel, extraits de l'ouvrage "Histoire de la Gascogne des origines à nos jours" sous la direction de Maurice Bordes (avec la collaboration de G. Courtès, Pierre Féral, Abbé Loubès, Henri Polge ...) aux éditions Horvath.
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