Jean Laforgue à Marciac ... au temps de la Révolution !
Marciac comptait encore, en 1789, de nombreux établissements religieux ; deux églises, deux cloîtres, plusieurs chapelles dont la plus célèbre, Notre Dame de la Croix, élevée en 1654 [1]….Rien d’étonnant à ce que la « fureur » révolutionnaire se soit exercée en priorité sur ces symboles dont plusieurs sont marqués par les signes de la Royauté, le roi de France Philippe IV ayant largement contribué à l’ implantation de la bastide, en 1298.
Illustration : place de Marciac "Guyenne monumentale" - la halle, façade ouest, devant une croix de pierre, souvenir de mission érigée bien avant celle placée à l'Est, en 1756 et que cache la halle. Elles seront détruites à la Révolution
Les traces des destructions, dégradations opérées dès 1790 [2] sont encore visibles aujourd’hui. Les témoignages manuscrits de Louis Rolland, Henri Carrère, Casimir Clausade et autres religieux citent les auteurs de ces actes qui ont forcément choqué une grande partie d’une population vivant au cœur d’une communauté marquée par le catholicisme.
Ces auteurs stigmatisent les actes destructeurs du chapelier Dourdin, des charpentiers Daignan et Cabanéris, des Baudran, Cazeneuve, Treille…[3] . Le maître tailleur François Laforgue, le père de Jean, ne figure pas sur cette liste qui est, il est vrai, loin d’être exhaustive. Il n’est pas non plus cité parmi les citoyens clubistes ayant joué un rôle déterminant au cours de ces années-là.
Le jeune Jean Laforgue avait déjà quitté son village natal lorsque fut guillotiné à Auch, le 16 avril 1794, par Arrêt de la Commission militaire de Bayonne, Jean Denis Pons Alexandre Delong, Conseiller honoraire au ¨Parlement royal de Toulouse, démis récemment de ses fonctions de maire de Marciac…..
Par contre, il a sûrement eu à connaître du départ des volontaires en 1792 et, au début de l’année 1793, du recrutement de 300.000 célibataires ou veufs de 18 à 45 ans, suivis, quelques mois plus tard, de la levée en masse de tous les hommes âgés de moins de 30 ans.
Un document rare, conservé aux Archives Départementales [4], baptisé « Pétitions », recense toutes les réclamations, plaintes, demandes d’aide ou de secours déposées par les citoyens du canton de Marciac, à l’adresse du District de Mirande puis transmises au chef lieu du nouveau Département du Gers. Nous avons relevé dans ce registre de nombreuses demandes d’exemption de « marcher à la Déffense de la patrie », en général pour le fils de famille, pour les motifs les plus divers [Voir aussi dans la rubrique Nouveau ... épisodes 69/68 .. exemples de pétitions].
Après l’enthousiasme patriotique des premières années de la Révolution, les réfractaires se faisaient de plus en plus nombreux. La tradition orale affirme que l’on enfermait, à Marciac, à l’étage du clocher des Augustins, les parents des réfractaires !
C’est dans ce contexte bien particulier que le tout jeune Jean Laforgue, témoin dès l’âge de sept ans du bouleversement occasionné dans sa petite ville par l’effervescence révolutionnaire, admirateur et peut être émule du petit Joseph Bara, n’ignorant sûrement rien des exploits du célèbre Chevalier Jean d’Antras, Seigneur de Samazan, qui devint Gouverneur de la bastide de Marciac en 1572, après s’être engagé à l’âge de 15 ans…
C’est donc ainsi, en pleine tourmente révolutionnaire, que Jean Lafforgue quitta Marciac et sa famille pour s’engager comme Enfant de troupe dans les armées de la République …
[1] L’histoire de ND de la Croix est très largement contée tout au long de ce blog, voir la rubrique Nouveau Elle fut très largement démolie en 1792.
[2] Louis Rolland dans son « Histoire paroissiale et religieuse de Marciac » évoque « la fureur iconoclaste des Clubistes qui s’acharnèrent sur les statues, les croix, les emblèmes, armoiries, titres ou parchemins de l’ancienne noblesse, et tout ce qui pouvait rappeler un passé odieux… »
[3] MCPT a publié en juillet 2007 une brochure intitulée « La chapelle Notre-Dame-de-la-Croix, L’histoire des origines à nos jours. »
[4] Archives départementales ; série L572 .
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