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Jean LAFORGUE (Marciac 1782 - Dresde 1852) (17) ... et Giacomo CASANOVA (1725 - 1798)

LA PERIODE ALLEMANDE

(17)

L’écrivain

Décrié aujourd’hui par nombre de nos contemporains pour son style « plat »,  Laforgue fut adulé en son temps par des auteurs de renom tels Sainte-Beuve, Balzac ou Stendhal  qui lui emprunta plusieurs pages dans ses « Promenades dans Rome ».

Illustration : images google portraits de ... (cf. ordre de citation  ci-dessus)

 Aujourd’hui, avec la publication du véritable manuscrit autographe, la critique va pouvoir s’exercer  équitablement en comparant ce que Laforgue a « emprunté » à Casanova et ce qui est vraiment de son cru.

  S’il fallut attendre plusieurs dizaines d’années pour mettre un nom sur  l’auteur de  cette première version « arrangée » des Mémoires, Laforgue reçut de son vivant  des témoignages de son talent d’écrivain, voire de poète.

Il y a, bien sûr, les deux ouvrages cités plus haut (cf. article 16). Par ailleurs, un document  conservé dans les archives du Service Historique des Armées,  fait état  d’un petit événement  marquant qui  avait pour cadre l’Etat Major de la 2^ème Division d’Infanterie stationnée à Mézières :

Voici un extrait du courrier adressé le 17 octobre 1814 par le Général Commandant la Division  au Ministre de la Guerre :

 «  Le Sr Laforgue réunit à ses qualités militaires beaucoup d’Instruction ; il a eu l’honneur de présenter à S.A.R Monseigneur le Duc de Berry, lors de son passage dans cette ville, des couplets dont ce Prince a daigné se montrer très satisfait … »

 

Portrait de Charles-Ferdinand d'Artois , Duc de Berry - image Google

Jean LAFORGUE (Marciac 1782 - Dresde 1852) (16) ... et Giacomo CASANOVA (1725 - 1798)

LA PERIODE ALLEMANDE

(16)

Le Professeur et  l’Homme de lettres

Laforgue vécut donc les trente dernières années de sa vie en Allemagne, dans cette belle ville de Dresde toute proche des Monts de Bohême  et de  Dux (Durkhov) où Casanova lui-même consacra ses derniers jours à conter l’Histoire de sa vie.

Ce long séjour fut consacré en priorité à sa fonction de professeur et à cette tâche. Mais son activité débordante ne s’arrêta pas là puisqu’il  s’occupa également de faire paraître deux publications, en français, l’une à caractère pédagogique, l’autre plutôt touristique.

Illustration : Dresde - image Google

 En 1826, l’éditeur dresdois Arnold publiait un ouvrage de Jean Laforgue intitulé :

«  Patronymes français ou Recueil de la majeure partie des mots de langue française qui ne diffèrent orthographiquement que par quelques consonnes, mais dont la signification est presque toujours diamétralement opposée. » (1)

Le professeur Laforgue désirait éviter à ses élèves les pièges de la langue française auxquels se laissent prendre les étrangers.

 Le deuxième ouvrage, publié beaucoup plus tard (en 1847) (2), est intitulé :

 « Tableaux ou Itinéraire descriptif et pittoresque de la Suisse saxonne, avec la partie comprise dans la Bohême, imitation libre du Manuel publié par W.A. Lindau et J.C Wiemann. »

Charles Samaran , auteur  en 1914  de cet ouvrage particulièrement documenté :           

« Jacques Casanova, Vénitien ; une vie d’aventurier au XVIIIème siècle »  fut un fin connaisseur et un critique pertinent et perspicace, à la fois de Casanova et de son compatriote Laforgue  dont il  parvint semble-t-il à percer la véritable personnalité. Voici  ce qu’il a relevé  dans l’ouvrage de Laforgue évoqué plus haut (1) :

  «  …un passage(p.15-16) attire l’attention. Laforgue y parle d’un «  réduit » délicieux élevé sur le Porsberg par le comte Marcolini pour causer une agréable surprise à son auguste ami et bienfaiteur l’Electeur Frédéric-Auguste, devenu roi de Saxe en 1806 .

Le comte Marcolini ! Voilà un nom qui nous ramène tout naturellement à Casanova. N’est-ce pas, en effet, celui du premier ministre de Saxe, à qui l’aventurier présentait, en 1797, le manuscrit du premier tome de ses  Mémoires avec l’espoir de le publier sous les auspices de ce grand personnage, ami de sa famille et qui aurait offert plus tard une somme importante aux héritiers de l’aventurier pour acquérir la totalité du manuscrit ? »

 Les lieux chers à Casanova  auraient-ils donc hanté la mémoire de Laforgue ? 

 (1) (opposée)un exemplaire de cet ouvrage, de format in-8° ?  se trouve à la Landesbibliothek de Dresde 

(2) (1847)  ouvrage écrit en français (in-16 de 187 pages), publié également par Arnold, qui figure à la Collection de la Bibliothèque Nationale de France (cote 8° M 3098 ).

Jean LAFORGUE (Marciac 1782- Dresde 1852) (15) ... et Giacomo CASANOVA (1725 -1798)

 La période allemande 

(15) 

            L’arrivée en Saxe   

La carrière militaire de Jean Laforgue s’arrête donc le 15 septembre 1815.  Il a alors 33ans. A la suite de quelles circonstances se retrouve-t-il en Saxe, pour s’y fixer ?

Charles Samaran ( cf. infra )  évoque « une camaraderie de guerre, la rencontre d’une âme sœur.. ? ».  Il a peut-être, tout simplement, répondu favorablement  à l’offre qui lui était faite d’occuper un poste de choix  dans une institution prestigieuse, chez les vainqueurs !

Sa nomination, dont il est fait état ci-après, émane  de Frédéric Auguste I, le roi lui-même, qui avait manifesté sans équivoque son attachement à la France, à la Révolution française et à Napoléon  qui l’avait d’ailleurs fait « Duc de Varsovie ». De là à penser que le choix royal se soit porté sur  ce jeune vétéran des guerres de la Révolution et de l’Empire, il n’y a qu’un pas à franchir, les aptitudes pédagogiques de notre Marciacais ayant été naturellement évaluées !

Illustration : Frédéric Auguste 1er - image Google - Wikipedia

 Ce qui est certain, c’est que le 1^er octobre 1822, « le capitaine ( ?) Jean Laforgue, Chevalier de la Légion d’Honneur, catholique,* marié, un enfant » paraît, ainsi qualifié, dans la  Liste Nationale du Corps des Cadets Nobles, un rescrit du roi de Saxe en date du 28 septembre 1822 l’ayant nommé quatrième maître de français dans cette Académie militaire de Dresde.

Il fut mis en congé, sur sa demande, le 31 mars 1827  *, avant de figurer comme professeur de lettres payé à l’heure sous la rubrique :  « Militär Bildungs Anstalt » dans l’Annuaire du Royaume de Saxe  ( Staatshandbuch für das Königreich Saxen ).

 Ces dates correspondent à peu près à la publication par l’éditeur Brockhaus des  douze volumes de l’édition « expurgée » par Laforgue des fameux Mémoires : à partir de 1827, celui-ci, qui avait déjà  « révisé » les quatre premiers tomes, a vraisemblablement préféré abandonner son poste de professeur pour se consacrer exclusivement à la mise au point   des derniers volumes : quatre paraîtront en 1832, les quatre derniers en 1838.

 Rappelons que l’identité de « l’arrangeur Laforgue »  ne fut dévoilée officiellement  par Brockhaus qu’en 1867… !

*  Il est fait obligation, de nos jours encore, en Allemagne, à toute personne « imposable » de déclarer son appartenance à  telle ou telle religion (ou son athéisme ).

Le citoyen Laforgue, qui ne cachait pas son anticléricalisme, avait été sûrement baptisé mais sans doute pas « communié ». Nous avons retrouvé, aux Archives Départementales, l’acte d’intronisation du curé constitutionnel Carrère ( le père du fameux docteur auteur de cette thèse sur l’état sanitaire de Marciac au XVIIIè siècle), le 9 décembre 1792 . L’instruction religieuse du jeune Laforgue  n’est certainement pas arrivée à son terme .D’ailleurs, trois mois après , il s’engageait dans l’Armée des Pyrénées Occidentales .

Jean LAFORGUE (Marciac 1782-Dresde1852) (14) ... et Giacomo CASANOVA (1725-1798)

Jean Laforgue à Waterloo

  (13.2)

Illustration : Waterloo image Google

Prisonnier en Angleterre, Jean Laforgue recouvra la liberté le 30 mai 1814. C’est ce que nous apprend le document des Archives de la guerre qui s’arrête à ce moment de sa carrière.

C’est l’intéressé lui-même qui va nous permettre d’entrevoir la suite (1) :

« J’étais à Waterloo (donc en juin 1815), sous les ordres du Colonel Pailhès, aujourd’hui général, qui pourrait fournir au besoin des notes sur mon compte. »

 On pourrait douter bien évidemment de l’authenticité de ces faits de guerre. Toutefois, ils sont corroborés par un autre document (2) dont fait état Georges Samaran dans son ouvrage déjà cité, à savoir une attestation signée de la main du baron Pailhès, Commandant du 3^ème régiment de tirailleurs de l’ex-jeune garde.

 Le Colonel Pailhès fournit des renseignements complémentaires sur la suite des événements vécus par Laforgue à partir du 1^er juin 1815.

 La carrière militaire de Jean Laforgue s’arrête donc le 15 septembre 1815.

A trente trois ans, après une existence riche en événements de toutes sortes, confronté à de nombreux périls, il aurait pu prétendre à une semi retraite paisible.  Il n’en fut rien ! C’est, au contraire, une seconde vie qui l’attendait, tout aussi extraordinaire, très loin de sa Gascogne natale, à Dresde, la prestigieuse capitale du Royaume de Saxe …..Marciac est bien loin !

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(1) le document :   lettre adressée par Laforgue au Ministre Plénipotentiaire de Saxe, lettre en date du 2 avril 1835 - le dernier paragrapge - Ndr : ce document, propriété des     Archives Militaires,  sera publié dès réception de leur autorisation expresse

(2) G. Samaran  a eu accès au Dossier Laforgue : Etat des services, campagnes, blessures :

     17 avril 1815 : confirmation par Louis XVIII de la nomination de Jean Laforgue  Chevalier de la Légion d’Honneur.

     21 avril : passage, avec son grade, au Dépôt de l’ex-garde.

     15 mai de la même année : passage au 3è Tirailleur de cette formation.

     Du 1^er juin au 15 septembre : fonction d’Officier payeur du régiment.

     15 septembre  1815, licencié.

Jean LAFORGUE (Marciac 1782 - Dresde 1852) (13) ... et Giacomo CASANOVA (1725 - 1798)

Les campagnes napoléoniennes : Espagne  - Portugal (13.1)

 

 

 

 

illustration : Tableau de Dos Mayo de Goya évoquant la guerre d'Espagne de Napoléon ; image google extraite du site "napoleon-livre.com -Priscilla Mouzon

 Après plus de douze années dont on ne sait rien sur les activités de Laforgue, le revoici enrôlé volontaire pour les bataillons de guerre devant le maire de Sarrebrück le 22 novembre 1809.(ndr : il a 27 ans)

Il est nommé très rapidement caporal le 27 novembre,  puis Sergent Major le 14 décembre, eu égard vraisemblablement  à son expérience acquise dans les armées révolutionnaires.

Son régiment,  le 22è de ligne  intégré au 8^ème corps d’armée, avec lequel il semble avoir fait campagne jusqu’en 1812 aux Armées d’Allemagne, d’Espagne et de Portugal part pour l’Espagne en décembre.

Il est bien difficile, à partir de ses Etats de service, de suivre  exactement son parcours durant les trois années qui suivent ( 1810 à 1812) en raison surtout de la fréquence des combats, sièges, engagements  sur plusieurs fronts

 Certaines opérations, marquées par des blessures ou des actes de bravoure, sont décrites avec précision ; d’autres font l’objet d’une énumération de lieux tellement longue que le doute est permis sur la présence effective de Laforgue dans tous ces secteurs.

Ciudad Rodrigo [ conquête  du 6 juin au 10 juillet 1810] . Les Français  en seront chassés en 1812 . Cette place fortifiée est située à quelques kilomètres de la frontière Espagne –Portugal, sur le grand axe qui mène de Salamanque à Lisbonne. 

Alméida : ville frontière  assiégée et prise du 25 juillet au 7 août .

Astorga : ville toute proche , en Espagne.

Les succès des troupes françaises s’arrêteront un peu plus avant, avec la terrible bataille de Buçaco, en territoire portugais , le 27septembre 1810 . Masséna , stoppé par les troupes Anglo Portugaises de Wellington, décide malgré tout de marcher sur Lisbonne , défendue à la fois  sur terre par une armée solidement installée sur les hauteurs et par une formidable armada présente en rade de Lisbonne. L’affrontement a pour cadre Sobral de Monte Agraço.

et notre jean Laforgue dans tout cela ... ?

 La présence de Laforgue est confirmée par ses états de service , faits d’armes et blessures ,   au cours d’un engagement qui eut pour cadre Sobral, et plus précisément  la petite localité de Serradilla Guarena : « Blessé à la jambe droite devant les hauteurs de Sobral, le 14 octobre 1810 » puis : « Au combat de Serradilla-Guarena, M.Laforgue faisant fonction d’Officier d’ordonnance, ayant eu un cheval tué sous lui, se trouva au milieu de la colonne anglaise d’où il parvint à se débarrasser et arriva à temps auprès de la colonne française pour sauver l’aigle de son régiment. »

Nb : pour la petite hsitoire ...  cet exploit lui aurait valu la promesse de l’attribution de la croix de la Légion d’honneur sur le champ de bataille ! Du moins, c' est ce qu'écrit Jean laforgue, dans le dernier paragraphe d'une lettre qu'il a adressée au ministre plénipotentiaire de Saxe et datée du 2 avril 1836. !!!

Année 1811 :  Peu ou pas d’actions mentionnées ;

 Nous retrouvons Jean Laforgue au siège de Badajoz, du 16 mars au 18 avril 1812. L’armée française, forte de 5000 hommes, est submergée par les troupes anglo-portugaises  cinq fois plus nombreuses . La sauvagerie de la répression bouleverse l’opinion.

Cette défaite eut pour conséquence , quelques mois plus tard, le sérieux revers des français à la deuxième bataille des Arapiles, près de Salamanque .

 Laforgue , qui avait formé l’espoir de sortir du rang et de devenir officier, fut fait prisonnier par la cavalerie anglaise de Wellington le 22 juillet 1812 . Il devait passer près de deux années  dans les geoles anglaises.

 

      

 

 

 

 

 

 

La minute occitane ...a fini par en perdre le Nord !

Les anciens étaient-ils observateurs ou  franchement facétieux ....  quand ils parlaient  de pluie ou de beau temps ? Il y a de  quoi en perdre la boussole...  pour celui qui n'était pas doué en géographie  ni du pays !

Ci-dessous : la Rose des vents de l'édition de 1930... et  surtout en commentaire la liste complémentaire des vents ... gascons !

La minute occitane ... souffle le chaud... le froid ... ou ????

L'Armanac de la Gascougno  publiait dans chacun de ses numéros ... une Rose des Vents !

Voilà, ci-dessous,  celle de d'édition de 1920.

  Vents de Gascogne ( …Almanach des années 1920)

 Lors des premières insertions dans l’Almanach de cette « Carte des vents », les auteurs lancent cet appel aux lecteurs :

     « Celui qui connaît d’autres noms de vents d’ici n’a pas qu’à (1) nous (l’)écrire et ces vents seront ajoutés à cette carte l’an prochain. »

    «  Pour connaître le temps qu’il va faire cette année, allez voir à la dernière page de l’Almanach. »

(1) : traduction littérale de : « lou qui…n’a pas qu’à nous escriue… », expression encore en usage dans notre région.

     Appel entendu : nous publierons dans le prochain article la même carte des vents de l’Almanach de 1938, agrémentée des autres appellations proposées par les lecteurs, différentes suivant la région où ils habitent ….

     Cette liste (vent de catsus, capbat, d’Espagno, bent balaguè….) rappellera sûrement  quelques souvenirs aux  personnes âgées qui fréquentent notre blog (il y en a….)

Nous serions heureux qu’ils nous fassent part de leurs réflexions : rubrique «Commentaires. »

 

 

 

 

 

 

 

 

La minute occitane... une histoire d'horloge !

L’horloge de Biran  

   Le défunt Monsieur Terrail, d’Auch, quand il habitait encore Place de la Cathédrale, était venu un jour à Biran avec quelques amis, et, en montant la Grand’Rue, il mettait sa montre à l’heure de l’horloge du clocher. D’abord, il faut que vous sachiez que, à Biran, l’Eglise est à un bout de la Grand’Rue et …à l’autre bout le Clocher, et un clocher, s’il vous plaît, avec une horloge, mais une horloge qui ne marche pas, depuis 1900 au moins !

 Et si, quelquefois, les aiguilles ne marquent pas toujours la même heure, c’est que le vent de bise (1) les a fait changer. A Biarritz, on dit que c’est un homme qui les fait marcher toutes les cinq minutes. A Biran, c’est le vent de bise !

 Donc, Monsieur Terrail mettait (2) sa montre à l’heure de …Biran. Il était là, planté en face du clocher, devant la maison du Zizi, à côté de sa terrasse, et le Zizi était assis devant sa porte.

 Il se trouvait justement que l’horloge marquait, par hasard, l’heure juste…à peu près.

     « Ah, dit Monsieur Terrail, vous avez une fameuse horloge, ici, vous de Biran ! C’est à peine si elle avance d’une minute… sur celle d’Auch, et donc sur l’heure de Paris ! Je vous en félicite, pour un petit endroit comme celui-ci !

     - Oh ! il ne faut pas vous étonner, Monsieur Terrail, lui dit le Zizi, parce que il y a au moins trente cinq ans que l’on ne l’a pas touchée !

J.Labadens ( Biran)  publié dans l’ « Armanac de la Gascougno » 1939.

( 1 ) Nous présenterons dans un prochain article La rose des vents de Gascogne, schéma explicatif  qui figurait, chaque année, dans les toutes premières pages de « L’Armanac de la Gascougno).  Le « vent de bise, évoqué ici, encore appelé «  Bent de catsus » ou «  Bent de Leitouro » désignait le vent du nord, froid. 

( 2) : Monsieur Terrail mettait sa montre à l’heure : est traduit,  en Gascon, par :

        Moussu Terrail se boutauo ( il se mettait) sa mountro à l’oro.

 Ce rajout du pronom personnel  devant le verbe est fréquent, aujourd’hui encore, chez nous, en Gascogne : «  Je m’achète …je me le prépare ……et je me le mange … ! »

Illustration : image Google - la porte-tour de Biran

La minute occitane ... une histoire d'horloge !

L’arrelodge de Biran.

 Biran : image google - la porte tour... avec l'horloge (1)

     Lou defunt Moussu Terrail, d’Auch, quan èro encoèro Plaço de la Cathedralo, èro bengut un cop à Biran dab cauques amics , è, en mounta la Gran-Rûo, boutauo sa mountro à l’oro de l’arrelodge dou Clouquè.

     Pramou, bous cau sabe que, à Biran, la Gleiso éi en un cap de la Gran-Rûo è…à l’aute cap lou clouquè è un clouquè, si bou plèt, dab un arrelotge, més un arrelodge que marcho pas, au mens desempuch 1900. (1)

      E se, cauque cop, las gulhos marcon pas toustem la mêm’oro, qu’éi lou ben de biso que las a hèitos cambia. A Biarritz, ça disèn qu’éi un ome que las hè marcha cado cinq minutos. A Biran, qu’ey lou ben de biso ! (2)

     Dounc Moussu Terrail  se boutauo sa mountro à l’oro de …Biran. Ero aquiu, plantat en faço dou clouquè, d’auant la maisoun dou Zizi, costo la suo Terrasso, è lou Zizi èro asetut dauant la suo porto .

     Justoment, se rencountrauo que l’arrelodge mercauo, per hasard, l’oro justo…à pu prèts.

« Ah, ça dits Moussu Terrail, auèts un famus arrelodge aci, lous de Biran ! A peno s’auanço d’uo minuto…ser lou d’Auch, è dounc ser l’oro de Paris ! Bous en feliciti, per un petit endret coum’aci ! 

     - Oh ! bou-n cau pas estouna, Moussu Terrail, ça dits lou Zizi, pramou que i a au mens trento cinq ans que l’an pas toucat ! »

                 BIRAN ( GERS)                                   J.LABADENS

(1) Biran, petit village gersois avec sa rue ... et tout au bout, l'église [qui ne se voit pas sur cette photographie] - castelnau à rechercher  disons à mi-chemin à vol d'oiseau entre Vic Fezensac et Auch, non loin de la nationale 124 !

Jean LAFORGUE (Marciac 1782-Dresde 1852) (12) ... et Giacomo CASANOVA (1725-1798)

Jean Laforgue ... le petit soldat de l'An II !

Le 1^er mars 1793, Jean Laforgue s’engage comme enfant de troupe dans les armées de la République. Il vient d’avoir 11ans ! Quelques jours plus tard, il est incorporé dans la 134^ème demi-brigade de l’armée dite des Pyrénées-Occidentales qui vient d’être levée par recrutement dans les départements du Sud-Ouest, et donc du Gers [1].

          La présence d’enfants très jeunes à la suite des armées est aussi vieille que notre histoire [2]. Elle existait sous l’Ancien Régime et fut officialisée  en 1788, à l’occasion d’une nouvelle organisation des régiments.

          La révolution va changer le sort de ces enfants. En 1791, les français s’engagent en masse, parfois par familles entières, pour voler au secours de la Patrie en danger. En 1793, quand s’engage le petit Jean Laforgue, les zones d’opérations se sont multipliées, le recrutement devient problématique (cf.15 la révolution à Marciac). On accepte donc, sans tenir compte de la limite d’âge (16 ans), des enfants beaucoup plus jeunes, plus nombreux, qui occupent en général un emploi de « tambour » [3] . Le petit Laforgue, lui, fut nommé fourrier, le 18 août, chargé de la répartition des vivres et des vêtements, conséquence probable d’un événement grave survenu trois jours auparavant : le baptême du feu, assorti de sa première blessure…La carrière , la vie du  jeune marciacais aurait pu s’arrêter là, à 11ans ½.

     En juin, il y avait eu , en haute montagne, non loin du col de Roncevaux, de rudes combats  au camp de Castel –Pignon, pris par les Espagnols puis repris quelques jours plus tard par les Français . A cette occasion, le jeune Laforgue fut blessé d’un coup de baïonnette au front, ce qui  sous-entend  qu’il participait activement à un combat rapproché, à un corps à corps .

Quelques jours plus tard, le 4^ème bataillon des Basses-Pyrénées prenait part, dans la vallée des Aldudes, à une opération qui, sous la direction du Général Delalain, obtint un plein succès.

Là aussi, Jean Laforgue était de la partie.

     Le Traité de Bâle (22 juillet 1795), mit fin au conflit entre la France et l’Espagne. La guerre se poursuivit avec le Portugal jusqu’à la signature du traité de paix de Paris (17 octobre 1797). Il est  fort probable que Laforgue ait participé à ce conflit, pratiquement jusqu’à son terme si l’on en croit  la rubrique « Campagnes » de ses Etats de service :

            -   1793 : ans II à III : à l’armée des Pyrénées occidentales  (l’an III  s’achevait le 22 septembre 1795)

            -    Ans IV à V : aux côtés de l’Océan (l’an V se terminait le 22 septembre 1797).

     Laforgue fut « réformé » le 1^er Germinal An V ( 21 mars 1797). Il avait alors quinze ans, dont quatre passés au cœur de ces combats  pratiquement ininterrompus et meurtriers .

         Le mystère demeure entier sur les douze années suivantes ! Fut-il pris en charge par une organisation militaire (les premiers Prytanées voyaient le jour), fréquenta-t-il un lycée ou fut –il tout simplement un autodidacte studieux ?….    Un fait est certain : c’est cette période que l’adolescent qui faisait figure d’« ancien combattant » mit  à profit pour acquérir des connaissances  exceptionnelles dans la pratique de la langue française et même, comme il le dira plus tard, des « Belles lettres ».

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[1] La France (sous le régime de la Convention), a déclaré la guerre à l’Espagne du roi Carlos IV le 7 mars. Les Pyrénées  vont donc être le théâtre d’un conflit interminable et destructeur.

[2] Nous ne portons pas, aujourd’hui, le même regard sur les « enfants soldats » !

[3] L’histoire de ces « enfants soldats » retient  surtout  André Estienne (Arcole) et Pierre Bayle, petit tambour au 8^ème Bataillon de l’Aude, engagé comme Jean Laforgue dans l’autre armée des Pyrénées (orientales), tué le 31octobre 1794 au Boulou : Colonel BENABIB, in « L’enfant héros oublié », brochure de l’Association des A.E.T Section des Pyrénées Orientales ,1999 .

Illustration : images google soldats de l'An II !