Né à la Guadeloupe le 2 décembre 1842, mort à Saint-Viâtre (Loir-et-Cher) le 4 novembre 1904.
Député du Gers de 1876 à 1893 et de 1898 à 1902... Il commença ses études à Paris, les acheva en province, fit une première année de droit à Toulouse et fut reçu licencié à Paris. Mais il préféra le journalisme au barreau, et conquit rapidement dans la presse littéraire d'abord, politique ensuite, une bruyante notoriété entretenue par de nombreux duels et de fréquentes affaires judiciaires.
Sous le nom simplifié de Paul de Cassagnac. il collabora successivement à l'Indépendance parisienne (1862), à la Nation (1863), et entra en 1864 au Diogène, petite feuille satirique avec les rédacteurs de laquelle il avait failli avoir une affaire. Sa verve incisive et frondeuse devait lui en attirer lui bon nombre: il se battit notamment avec M. Aurélien Scholl, rédacteur du Nain Jaune, à propos de l'affaire du marquis de Harlay-Coëtquen, et le blessa grièvement.
M. Granier de Cassagnac père essaya en vain d'attacher le jeune polémiste à de plus calmes occupations ; celui-ci ne fit que passer au ministère de l'Intérieur, où le gouvernement lui avait donné un emploi, et ce fut sous les auspices de son père, désormais résigné, que M. Paul de Cassagnac fit ses débuts au journal le Pays (1866), comme chroniqueur quotidien.
(ci-dessus : d'après ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des parlementaires à GRANIER DE CASSAGNAC, t. Il, p. 242 et suivantes.)

Duel à l'épée contre Mauras - photo de presse - source gallica.bnf.fr
Les interventions à la Tribune de l'Assemblée Nationale... qui ne passèrent pas inaperçues !
Aux élections générales du 22 septembre 1889, Paul-Adolphe de Granier de Cassagnac est réélu, sans concurrent dans l'arrondissement de Mirande avec 11.529 voix sur 12.957 votants.
Tout au long de la législature, mais peut-être avec moins de violence que par le passé, il s'en prend, tant à la tribune que dans son journal l'Autorité, au Gouvernement républicain : il avait inventé la théorie du «n'importequisme», voulant dire que n'importe qui ou n'importe quoi étaient préférables à la République. Catholique ardent, hostile à la politique de ralliement préconisée par Léon XIII, il dénonce le 18 septembre 1890, la situation faite aux hôpitaux de Paris par le renvoi des sœurs hospitalières.
Le 11 décembre 1891, au cours de la discussion d'une interpellation sur les manifestations ultra-montaines de certains évêques de France, un incident très vif l'oppose au Président Charles Floquet, à propos de Pie IX. La même année, il intervient sur la dénonciation du traité de commerce, et sur l'arrangement conclu avec le roi du Dahomey. Le 18 février 1892, M. Le Hérissé ayant interpellé le Gouvernement sur l'inaction dont avait fait preuve le Parquet de la Seine à la suite des voies de fait auxquelles M. Constans, Ministre de l'Intérieur s'était livré sur la personne de M. François Laur, M. de Granier de Cassagnac soutient l'opinion que le Président a non seulement le droit, mais le devoir de déférer devant le Procureur de la République l'auteur de tout délit commis dans l'enceinte de l'Assemblée.
Au cours de la même séance, il s'oppose à l'urgence demandée en faveur d'un projet de loi relatif à la liberté d'association, « le projet le plus odieux, le plus cynique qui ait pu être perpétré par une politique de haine religieuse ». Intervenant, le 23 juin 1892, au sujet des incidents survenus entre la Cour d'assises et les jurés de la Seine, lors du procès intenté par M. Burdeau à la Libre Parole, il reproche au Garde des Sceaux de n'avoir pas voulu faire la lumière sur le comportement du Président Mariage.
Enfin il intervient, le 10 novembre 1892, sur l'inscription à l'ordre du jour d'un projet de loi modifiant la loi sur la presse, déposé au lendemain d'attentats à la dynamite, et le 31 janvier 1893, dans la discussion du projet de loi tendant à réprimer plus efficacement les campagnes dirigées contre les caisses d'épargne et le crédit public.
Aux élections générales du 20 août 1893, après une lutte des plus vives, M. de Granier de Cassagnac n'obtient que 9.301 suffrages contre 9.940 à son adversaire républicain, M. Bascou qui lui succède. Mais à celles des 8 et 22 mai 1898, il prend sa revanche. Il est élu au second tour de scrutin avec 9.801 voix contre 8.602 à M. Bascou, sur 18.727 votants.
Le 11 juin 1898, il participe à la discussion d'interpellations sur la politique générale du Gouvernement. Il intervient également sur les poursuites dirigées contre M. Urbain Gohier, sur le renvoi du lieutenant-colonel Picquart devant un conseil de guerre, sur la démission du président de chambre à la Cour de Cassation, M. Quesnay de Beaurepaire.
La discussion du budget de 1899 lui donne l'occasion d'intervenir en faveur de la liberté de l'enseignement et de dénoncer le caractère, à son avis théorique, de l'enseignement donné par les professeurs départementaux et spéciaux d'agriculture.
Le 25 mars 1899, il est entendu sur l'urgence d'une proposition de M. Coutant, relative aux incompatibilités parlementaires. Les 5 et 12 juin, il intervient dans la discussion d'interpellations « sur les incidents, survenus le 4 juin au Champ de courses d'Auteuil, et dirigés contre le Président Loubet, et sur les violences exercées par la police contre les républicains, à l'occasion de la manifestation de Longchamp du 11 juin ».
Lors de la discussion d'interpellations sur la politique générale du Gouvernement, le 14 novembre 1899, il reproche à Waldeck-Rousseau et à son Ministre de la Guerre, le général de Galliffet, d'avoir en cassant le verdict du Conseil de guerre de Rennes « donné un soufflet à l'armée nationale », et, à la fin du débat, reprenant - sans succès - une motion de M. Michel il demande l'affichage du discours du Président du Conseil, mais, « avec toutes les interruptions et les mouvements d'indignation et de révolte qu'il a soulevés ».
A l'occasion de la discussion du budget des cultes, le 7 décembre 1899, il s'élève contre les « divagations » du rapporteur M. Tourgnol et échange des propos très vifs avec M. Berteaux qui le traite d'insulteur public. « Mieux vaut, lui réplique-t-il, être traité par vous d'insulteur public que d'être un millionnaire déguisé en démocrate et mentant et à ses programmes et à ses principes ! »
Le 12 février 1900, il demande à interpeller sur les mesures que le Gouvernement compte prendre à l'occasion de la protestation des évêques. Le 22 mai, il se félicite que la politique générale du Cabinet Waldeck-Rousseau ait «provoqué dans le pays une désaffection croissante pour le régime républicain ». L'année suivante, il intervient dans la discussion d'une interpellation de Marcel Sembat sur l'ingérence du Vatican dans les affaires intérieures de la France, ainsi que sur le drame de Margueritte et l'insécurité générale régnant en Algérie. Le 17 janvier 1902, il se joint à M. Cunéo d'Ornano pour reprocher au Ministre de la guerre, le général André, de n'avoir « été toute sa vie qu'un officier politicien » et de n'avoir dû « sa carrière qu'à la politique, rien qu'à la politique ».
Battu aux élections générales du 27 avril 1902, avec 8.665 voix contre 9.619 à M. Noulens, Paul-Adolphe de Granier de Cassagnac continua son combat dans son journal, sans plus se faire beaucoup d'illusions, toutefois, sur les destinées du parti bonapartiste.
Il mourut brusquement le 4 novembre 1904, après une partie de chasse, en Sologne, dans sa propriété des « Etangs », commune de Saint-Viâtre (Loir-et-Cher). Il n'avait que 62 ans
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