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L'histoire de Marciac racontée par les objets ... (139)

2 Les parties en présence

    a) Les autorités religieuses de la région  :

    Difficile de ne mentionner ici que les archevêques métropilitains qui vécurent ces temps de séparation de l'Eglise et de l'Etat, sans rappeler la mémoire de ces archevêques qui, au courant de la seconde moitié du XIXe siècle, influencèrent très fortement, culturellement parlant, le département du Gers.

        1° Les diocèses d'Auch et d'Agen

                11 Le diocèse d'Auch

                Les quatre noms qui suivent sont connus des visiteurs de l'expostion 2012 à la chapelle de Notre-Dame-de-la-Croix : "Des pierres et des hommes", tout comme des lecteurs du blog (cf. infra Histoire de Marciac).

Ils firent comme on dirait aujourd'hui la carrière de l'abbé François Canéto, vicaire général du diocèse, mais surtout natif de Marciac et grand initiateur des restaurations (clocher et voûte) entreprises au XIXe siècle dans l'édifice, aujourd'hui classé monument historique. 

Ce sont :     1840-1856 - Nicolas Augustin de la Croix d'Azolette

                       1856-1861 : Antoine de Salinis

                       1861-1871 : François Augustin Delamare

                       1871-1886 : Pierre Henri Gérault de Langalerie 

                       1887- 1895 : Louis Joseph Jean Baptiste Léon Gouzot

La période de transition conduisant à la séparation de l'Eglise et de l'Etat fut vécue par :

                       1896-1905 : Mathieu Victor Félicien Balaïn

                       1906-1907 : Christophe Enard

                       1907-1934 : Ernest Ricard

 L'histoire de cet évêché ne peut faire l'économie du rappel de sa suppression par le Concordat en 1802 et de son rattachement à celui d'Agen. L'évêché qui désormais ne couvre que le département du Gers fut rétabli en 1823. Des liens géographiques et historiques expliquent pour partie l'association des évêques d'Agen, Tarbes, Bayonne aux grands évènements de consécration ou d'inauguration des édifices religieux de Marciac. (cf. infra). 

 

 

 

 

Vous aimez l'art ? A voir à Marciac à la galerie de l'Ane Bleu ...

Il est encore temps de vous rendre à la galerie de "l'Ane bleu" tenue par Saty.

Art et histoire y font bon ménage, jugez plutôt!

Coté art :  pour la première exposition de l'année qui s'est ouverte le 15 février dernier, c'est un peintre autodidacte, Rob Van Veggel, qui expose.

Entre abstrait et figuratif, sa peinture prend forme avec des moyens simples : papier, gouache, collage, superposition de couches. Celà donne des effets d'espaces, de couleurs, de lumière et des tableaux pleins de poésie et agréables à l'oeil. 

Exposition ouverte du 15 au 24 février et les 1er, 2 et 3 mars 2013 de 15h à 19h. Tél. 058754 7077

Côté histoire : vous entrez dans ce qui fut l'espace du  premier édifice religieux de Marciac, l'église Saint-Pierre. Cette dernière fut détruite au XVIe siècle par les huguenots. Il ne resta que le porche et son clocher qui furent reconvertis en chapelle et confiés à la confrérie des Pénitents Blancs. Les vestiges furent vendus comme bien nationaux et L'entrée de la galerie se fait aujourd'hui par la rue " des Jardins"... très longtemps baptisée la rue des " Pénitens" (sans le t).

Outre les quelques pierres qui demeurent encore, on trouve aujourd'hui à l'église paroissiale  le "crucifix de procession" des Pénitents Blancs, accroché au pilier  nord de la chapelle Saint-Joseph, face à la chaire et la cloche, Saint-Pierre, enlevée du clocheton de la halle, portée au clocher de Notre-Dame de l'Assomption lorsque l'on fondit les cloches, Sainte-Marie et Saint-Joseph, à partir du métal, fêlé  en 1817, de la grosse cloche épargnée par la Révolution. 

A l'évocation de cette partie de l'histoire de Marciac, il a paru tout naturel, pour illustrer le propos, de retenir le  tableau d'une croix. Photo : MS 

A voir aussi dans La Dépêche du Midi l'article sur le vernissage de l'exposition, signé MS. 

L'histoire de Marciac racontée par les objets ... (138)

              b) Les "anti" :

Leurs rangs se renforcèrent progressivement à partir de 1874.

Il ne fut pas difficile aux Républicains de dénoncer le risque du rétablissement prochain de la dîme et des droits féodaux !

En effet, la défense aveugle de l'Ordre Moral et la condamnation de ceux qui préconisaient un compromis avec la société moderne attisèrent le sentiment anticlérical. Le clivage s'accentua en 1880 avec les  premières lois anticléricales de Jules Ferry. 

Illustration : Jules Ferry image google

Dans le département du Gers,  le "peuple chrétien manquait d'hommes catholiques affirmés appartenant aux nouvelles couches [ sociales]". L' Eglise gersoise continua à s'appuyer sur une aristocratie déclinante en  nombre et en audiance, contrainte à quitter le département à la suite de la crise agricole ou attirée par la ville. Par ailleurs, la condamnation des catholiques libéraux brouilla son image politique en en faisant une alliée de la monarchie traditionnelle : grave erreur !

L'histoire de Marciac racontée par les objets ... (137)

Petit retour en arrière sur les oeuvres qui caractérisèrent le mouvement catholique du XIXe s :

- Oeuvre de Saint-François de Sales qui collectait des fonds pour aider des écoles, des hospices, des bibliothèques, des patronages ;

- Oeuvre de la Propagation de la foi, fondée en 1822 à Lyon par Pauline Jaricot ;

- Oeuvre des Cercles animée au plan national par Albert de Mun et parmi ces oeuvres à caractère ouvrier, celle de la Société de Secours Mutuels Saint-Joseph à Auch etc. .

Ces derniers,  plus spécifiquement réservés aux hommes, ils n'urent qu'un impact limité dans le département. A l'opposé, les cercles  ouverts au milieu féminin connurent un plus grand succès :

- congrégation des mères de famille

- confrérie de la sainte Agonie

- congrégations d'enfants de Marie. (ci-contre : bannière de la congrégation créée au sein de la paroisse de Marciac) 

Les conférences de Saint-Vincent de Paul créées par Frédérick Ozanam (1813-1853) s'adressaient quant à elles à des hommes qui visitaient les familles nécessiteuses. Elles eurent des animateurs laïques comme Octave Pérez à Mirande, Léon Poudès à Eauze, Dominique Dupuy à Lectoure, savant et naturaliste de renom, aumônier cependant.

Cette institution existe toujours et s'apprête à fêter le bicentenaire de son fondateur. Sous la direction de son président national, Bertrand Ousset, son action porte sur des épiceries solidaires, des centres d'accueil et d'hébergement, des leiux de soins, des restaurants sociaux. Elle donne suite aussi à la distribution de vêtement. Le logement d'urgence poour les SDF fait aussi partie de ses objectifs. 

Or, au temps qui nous intréesse, ces sociétés de secours mutuels n'avaient pas pour la plupart d'entre elles de référence religieuse.  Le  clergé demeura assez méfiant et  réticent à leur égard, craignant de perdre leur influence à partir du moment où les responsabilités étaient confiées  à des laïques.  

L'histoire de Marciac racontée par les objets ... (136)

L'analyse est cependant beaucoup plus complexe et subtile et suppose aussi de jeter un regard sur les composantes sociologiques des "pro" et des "anti".

                a) L es catholiques affirmés  (dernier quart du XIXe s)

                "...rares étaient les hommes jeunes ou mûrs appartenant aux nouvelles couches, aux nouvelles élites qui s'engageaient pour la religion qui restait essentiellement l'affaire du clergé et des femmes..."(p 246) 

Ces catholiques se recrutaient dans la noblesse, la bourgeoisie comme par exemple  Octave Pérès qui fonda la conférence Saint-Vincent de Paul à Mirande.

Illustration : logo actuel de la société

 Le conservatisme l'emporta. Il suffit de lire "la Semaine Religieuse". Elle se méfiait du développement des villes et faisait l'éloge de la vie des champs  et de ses supposées valeurs  !

On vit dans le  projet de création des lycées de jeunes filles,  la menace de détourner  ces dernières "de leurs devoirs d'intérieur et de vie chrétienne...". On interpréta...

L'expulsion des Jésuites comme  une attaque directe contre le catholicisme. Que dire  alors du projet de service militaire obligatoire pour les séminaristes : la ruine du sacerdoce !

Mirande : cpa collection privée de MS.

Les esprits furent aussi frappés par toute la situation coloniale. Curieusement, sans contester la polique suivie à ce sujet par Jules Ferry, les rédacteurs de "la Semaine Religieuse" relevèrent "l'esprit d'insoumission" palpable  très nettement au sein de la famille en bute à l'opposition des fils contre les pères, sur les lieux de travail  (antagonisme : ouvrier -patron) voire même au niveau de l'Eglise... contestée. 

Malgré tout, le sentiment religieux resta vivace et connut même des regains et de francs succès tout au long de ce siècle. Ce qui fit la vitalité religieuse du département reposa sur le culte paroissial, les pèlerinages et les missions. 

Marciac et sa paroisse auraient pu être retenues comme "échantillon témoin" dans un panel servant à une enquête statistique, comme on le ferait aujourd'hui. En effet, la ville réunissait à cette époque tous les critères  d'étude. Elle comptait aussi parmi ses citoyens-paroissiens des membres de la Société Saint-Vincent de Paul créée à Mirande comme indiqué ci-dessus. 

Cela va nous permettre de donner quelques éclaircissements sur le rôle et l'importance de ces oeuvres. 

 

 

 

 

 

L'histoire de Marciac racontée par les objets ... (135)

Malgré une certaine ouverture, le successeur de Pie IX, Léon XIII, ne renia pas la position conservatrice de son prédécesseur. 

Illustration : Léon XIII 1810-1903 pape en 1878  -image google

  1. Les germes de l'anticléricalisme

"L'Eglise de France s'est trouvée confrontée au XIX e s avec ce que l'on a appelé le problème des libertés modernes, le passage d'un Etat théoriquement  chrétien à une société pluraliste et à un Etat de plus en plus laïque" (p. 254)

Les tribulations nationales n'épargnèrent pas le département gersois. La revue "la Semaine Religieuse" se fit l'écho des thèses conservatrices, s'affichant contre la société nouvelle. La revue dénonça la Révolution, le suffrage universel, la séparation de l'Eglise et de l'Etat, réclamant pour l'Eglise la tutelle de l'enseignement et de la charité. 

Dans le département du Gers on pointa tout particulièrement le clergé nombreux, les multiples processions, les croix (de missions) qui surgirent partout dans les campagnes et les villes, les maisons religieuses... Une vitalité qui dura les deux premières décennies de la IIIe République. La population pratiquait encore à 60 %  mais l'on notait déjà une certaine défection des hommes ! 

L'histoire de Marciac racontée par les objets ... (134)

18.La Fabrique de Marciac à l'épreuve d'une nouvelle époque ouverte par la loi du 9 décembre 1905 -

 La Société Archéologique et Historique du Gers a fait paraître dans ses bulletins de 1987 1er trimestre(p 13 à 35)  et 3e trimestre (p 245 à 261) et plus récemment, 2006, 1er trimestre (p 7 à 34) des articles de Maurice Bordes, de Jacques Lapart et Gilbert Sourbadère,  qui traitaient respectivement de :

- le diocèce d'Auch sous la IIIe République, l'épiscopat de Pierre-Henri Gérault de Langalerie (1871-1886) 

- la loi de 1905 dans le département du Gers.

Nb : sources complétées par les procès-verbaux de la Fabrique de Marciac  1868-1906 et "L'histoire paroissiale de Marciac" de Louis Rolland. 

illustration : Pierre-Henri de Langalerie 1810-1886 archevêque du diocèse d'Auch -  google image

Ces communications permettent de mieux comprendre l'atmosphère qui régnait alors dans le département du Gers, d'apprécier les rapports de force, les causes et conséquences de la séparation de l'Eglise et de l'Etat... plus spécifiquement dans le diocèse d'Auch dont la Fabrique de Marciac faisait partie.

Impossible de faire l'impasse sur la vie politique en France et les courants de pensées de ce XIXe siècle, novateur en tout ! Seule la première sera synthétisée au travers de quelques propos du 1er article qui schématisent bien la situation. 

I - Préludes à la séparation de l'Eglise et de l'Etat

        1° Les  anciens et les modernes 

Maurice Bordes  : " Le réveil catholique du XIXe s a été progressif. Lent sous l'Empire[1804-1814] et la Restauration [1814-1824 - Louis XVIII], il s'est affirmé sous la Monarchie de Juillet (1830-1848 [ Louis philippe]) et sous le Second Empire (1852-1870)...

....Le remplacement du clergé vieilli de l'Ancien Régime par des prêtres sortis du séminaire créé par l'abbé Fenasse, la multiplication des maisons religieuses féminines vouées à l'instruction et à la charité y ont contribué...

... En outre, le visage de l'Eglise de la Restauration a été rajeuni par des initiatives et des courants nouveaux ... le catholicisme libéral .."

Pour faire simple, bien que pourchassés au XVIIIe siècle, les jansénistes et leur morale avaient toujours de beaux jours . "La condamnation répété des libertés modernes, de la société nouvelle s'accompagnait d'un dénigrement systématique de ceux qui les acceptaient, les catholiques libéraux." (p 257). Parmi ces derniers, Lammenais, Montalembert, Lacordaire, Monseigneur de Salinis... et François Canéto, vicaire général d'Auch, l'archiprêtre de Lectoure, Mauco etc.. Les conservateurs l'emportèrent  dans la mouvance du pape Pie IX.

Malgré une certaine ouverture, le successeur de Pie IX, Léon XIII, ne renia pas la position conservatrice de son prédécesseur. 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'histoire de Marciac racontée par les objets ... (133)

3° La Fabrique de Marciac ... tire sa révérence ! La fin d'une époque !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le conseil de Fabrique de l'église de Marciac, réuni pour la dernière fois le 10 décembre 1906, dans le cadre des dispositions de la loi qui précéda celle du 9 décembre 1905, instaurant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, ne manqua pas dans cette dernière délibération d'exprimer haut et fort son sentiment.

"... Enfin, nous, membres de la fabrique de Marciac, réunis en conseil, nous portestons contre les désaisissements de la gestion des biens de l'église de Marciac, subi par la Fabrique  contre sa volonté et contre la volonté de l'Eglise.

Nous déclinons toute responssabilité relativement à la gestion de ces biens dans l'avenir, et faisons profession de fidélité et de dévouement à l'autorité du Saint-Siège et de l'archevêque d'Auch.

C'est sur ces déclarations que le registre de nos délibérations est définitivement clos et signé par nous tous.

Fait à Marciac, les jour, mois et an que susdit"  (rappel : 10 décembre 1906)

NB : dans le 1er document publié on peut y lire l'appel qui sera lancé aux paroissiens de venir revendiquer tous les biens meubles donnés à la Fabrique ; cela nous explique les "revendications" faites au cours de cet inventaire du 5 février 1906 à Marciac. 

 

L'histoire de Marciac racontée par les objets ... (132)

                    d) L'inventaire des "autres biens" de la Fabrique de Marciac. 

Il y a 107 ans, presque jour pour jour, avait lieu cet inventaire des biens de la paroisse de Marciac qui conduisit le petit groupe formé par le receveur des Domaines, Cappus, et les représentants de la Fabrique, le curé Emile Sembrès et Eugène Guichard, président de la fabrique, à l'église paroissiale de Marciac, la chapelle de Notre-Dame-de-la-Croix et enfin au presbytère dans la rue Morlas.

La partie III de l'inventaire du 5 février 1906 détailla les biens retrouvés en ce lieu à savoir :

- l'inventaire des papiers dont le journal  des dépenses et des recettes et le registre des délibérations de la Fabrique ;

- les biens et fonds dont la fabrique était propriétaire.

Les comptes furent arrêtés en recettes à 765.76 F et pour les dépenses en cours à 197.40 F, notamment  soit un excédent de 568.65 F . Mais les actifs de la fabrique se composaient aussi d'autres ressources comme les biens et fonds  qui lui avaient étaient légués en 1819, 1851 et 1865, tant à Juillac qu'à Marciac et qui étaient "cultivés à moitié des fruits", comme spécifié dans la 3e partie de cet inventaire.

Figuraient aussi l'énumération des rentes (à 3 % sur l'Etat) qui lui avaient été consenties par un certain nombre de donateurs ou que la fabrique s'était consituées en plaçant les legs opérés en sa faveur après, biensûr , l'acceptation du Ministère des Cultes ; la Fabrique gérait ain tout l'aspect temporel de la vie de la paroisse, laissant aux divers curés doyens  le soin de s'acquitter des obligations faites en contre partie à savoir : les messes de fondation. 

L'appropriation par l'Etat de tous ces biens sera source de nombreux conflits avec l'Eglise. Marciac n'y échappera pas  et l'accaparation qu'en fera le bureau de bienfaisance de la ville sera dénoncée de façon véhémente par le successeur du curé Sembrès : deux personnalités dont blogmarciac vous contera les faits et gestes en ce début de XXe siècle.