Belle audience pour Alain LAGORS et sa conférence consacrée à l'exposé du contenu de "5 cahiers ou livres de raison" rigoureusement tenus par François JUNCA (1801-1858) de ses 13 ans à son décès en 1858.
Un public très attentif à tous les propos de l'historien qui permirent de se plonger dans ce que fut la vie rurale, en Rivière-Basse, au travers du prisme de cette famille JUNCA PLECHON (Pleychon) : "vivant à Plaisance, mort à Saint-Aunix". Un exceptionnel journal ou chronique de la vie locale, non pas intime, mais qui relate les événements et faits locaux, comme ceux touchant la famille (mariages, décès ...) la météorologie (et ses incidences), et très précieux, des comptes d'exploitation qui permirent de suivre et de comprendre le développement de l'exploitation agricole ainsi que son essor à partir, essentiellement, de l'acquisition des "vignes de Pagès : famille bourgeoise rurale qui s'enrichit grâce à la production et au négoce du vin.
La famille, originaire d'Aux-Aussat, s'implanta en Rivière-Basse au XVe siècle à la suite du mariage de l'ancêtre avec une fille de la bourgeoisie rurale de Plaisance. Puis au début du XVIIIe siècle un descendant, Bernard JUNCA, fut même consul de la ville. Onze générations se succéderont ainsi jusqu'à nos jours dans les murs de la maison JUNCA (cf. photo ci-contre). Cette continuité et stabilité explique la conservation et cette accumulation de documents qui furent judicieusement remis à Alain LAGORS pour leur exploitation historique.
Méticuleux, aimant l'écriture, François relata malgré lui la vie de trois générations : ses parents, lui même et ses deux frères et soeur, celle de son fils unique Paul né en 1827. Bien que son père fut électeur, François ne relata aucun fait politique. On peut s'en étonner d'autant que la période couverte connut bien de régimes politiques.
On le suit alors qu'il se marie à 16 ans avec une jeune fille de Bassoues de 7 ans son aînée et dont les frères se hâtèrent de lui trouver un bon parti au décès de leurs parents. Puis la naissance d'un fils unique, Paul, qui contrairement à son père tirera un bon numéro et ne fut pas conscrit. François, moins chanceux, paiera un tiers pour éviter la conscription.
Le recoupement des données des cahiers, dont ceux des comptes, permettent de dresser le style de vie, dont les déplacements à Bagnères, pour les bains ; l'habillement ; l'habitat et les dépenses faites de l'acquisition d'une horloge comtoise , d'un bureau au dosseret pour lelit d'une servante, en passant par l'achat de chandelles, ou en faisant appel à un barbier. Pour l'exploitation, ce sont l'acquisition de barques pour la pêche (pêche, viviers), de pots pour les conserves d'oies, les sacs de blé moulu ... et l'importance des foires locales.
Mais une exploitation et une maison supposent aussi des dépenses d'entretien d'agrandissements, d'aménagements: écluses pour irriguer, reconstruction de la porcherie, clapiers et de plus en plus de dépenses d'ordre viticole : assurance contre la grêle, l'incendie ! Tant et si bien qu'en 1848, la vigne représenta 75 à 80 % du revenu de la famille : vin rouge et blanc distribué vers les Pyrénées où se fait sentir le développement du thermalisme.
François JUNCA entreprit vers 1856 la construction d'une nouvelle maison dont il nota soigneusement la provenance de tous les matériaux, par exemple les encadrements de portes et fenêtres venus de Lourdes, les tuiles d'Aignan etc.. Malheureusement il n'en vit pas la fin, décédant en 1858.
Illustration : Maurice Serres (à gauche) présentation du conférencier (assis)
Les commentaires récents