Notre-Dame du Grand Retour
En bref
Nous sommes en 1938. Pour les besoins d'une procession un artiste, Youssef Howayek, sculpta dans un tronc de cèdre du Liban, une nouvelle Vierge nautonière. Trois copies en stuc blanc furent ensuite sculptées par l'artiste, Pierre Stenne. Ces Vierges nautonières parcoururent plus de 100 000 km dans un contexte très particulier, le périple s'achevant le 29 août 1948 à Boulogne-Sur-Mer. Des explications s'imposent quant on sait qu'il fallut cinq ans pour que la statue quittant Lourdes en 1943, ne rejoignit Boulogne qu'à cette date !
Un peu plus dans le détail : le "grand départ"
Pour les besoins du IVe congrès marial national qu'allait accueillir, en 1938, Boulogne-Sur-Mer, deux prêtres diocésains de l'Artois et du Boulonnais, pour sensibiliser les populations, imaginèrent ce qui fut baptisé, "la Voie Ardente", le parcours de la cathédrale d'Arras à Boulogne des trois statues nautonières, pour raviver la piété de la population.
Du 8 mai, départ d'Arras, au 17 juillet, Boulogne, trois voies différentes sillonnèrent le diocèse, soit 2500 km avec 293 étapes. Devant ce succès, à partir du 25 juin, une quatrième Vierge parcourut la région lilloise et les Flandres après 173 étapes. Le congrès clos, germa l'idée d'une nouvelle voie mariale pour gagner Le Puy où devait se tenir, en 1942, le nouveau congrès national. Elle entama un parcours dans la Somme, puis au printemps 1939 la statue parcourut les champs de bataille de 1914-1918. La bataille de 1940 stoppa sa progression. La statue fut remisée chez des trappistes dans la Marne. Le congrès national ne pouvant avoir lieu en 1942, on lui substitua une marche. La statue partit du diocèse de Nancy, le 22 juin, et franchit la ligne de démarcation, cachée dans un camion de légumes. Le rassemblement terminé, l'évêque du Puy suggéra que la statue poursuive jusqu'à Lourdes. Dans une totale improvisation, sans itinéraire préétabli, la statue arriva à Lourdes le 7 septembre 1942 venant de Mende, Rodez, Albi, Toulouse.
Le Grand Retour
La charte du Grand Retour prit corps le 28 mars 1943 avec la signature par tous les évêques de France de la consécration de l'humanité au Cœur Immaculé de Marie, initiée par le pape Pie XII, le 8 décembre 1942.
L'évêque de Tarbes lança l'idée du retour vers Boulogne de la statue en invitant les paroisses traversées à renouveler cette consécration à Marie. Le succès fut tel, qu'il fallut faire venir les trois autres statues pour satisfaire les demandes.
Source : Voir le portail persee.fr Le grand retour de Notre-Dame de Boulogne à travers la France de 1943-1948. Essai de reconstitution . Article de Louis Perouas . Une étude très poussée sur le fonds ( nature, détail des journées, des veillées etc.) animant les participants, optique religieuse
Au symbolisme chrétien s'ajouta d'autres intentions : à la ferveur mariale, la dévotion en Marie, s'ajoutèrent l'aspiration à la paix, l'espoir du retour des prisonniers, des travailleurs "forcés"....
"Le grand retour est compris comme un phénomène lié au climat des années de fin de guerre et de l'immédiat après-guerre. Il a cependant exercé une réelle emprise sur une partie du peuple français. Le phénomène se perpétua sous d'autres formes dans les diocèses de Saint-Flour, Limoges, Angoulême jusque dans les années 1950 1955 ; la lassitude gagna. Mais là commence une autre analyse qui n'a pas sa place ici.
Reste à évoquer le lien avec Marciac. A suivre
Les commentaires récents