La décision de la ville de Strasbourg de ne pas donner suite à l'ouverture de ses marchés de Noël prive la cité et la région de recettes considérables , très largement supérieures à l'investissement indispensable de 2 M €. Cela est considérable et désormais indispensable pour l'économie des départements alsaciens. Strasbourg en est le fer de lance, mais d'Obernai à Saverne jusqu'à Mulhouse en passant par les petits bourgs emblématiques du Haut-Rhin, se joue la saison touristique, c'est pourquoi il fallait rester attractif et convaincre - pour une fois - que les marchés ne font pas tout, mais que c'est bien un état d'esprit d'où il ressort un désir de bien vivre ensemble. Il ne restait donc qu'à décliner l'esprit de Noël au travers de la lumière, des décorations et les crèches qui en sont le fondement.
Il a donc été prévu de déborder d'imagination pour mettre la ville en valeur par :
La lumière & les crèches
De la lumière partout et sous toutes les formes de décoration peut se comprendre au 1er degré : une débauche de guirlandes électriques, d'autant que cela se fait au frais de l'association des commerçants et de celle qui s'occupe, tout au long de l'année, d'animer la ville par un concours de vitrines.
Il faut savoir que tout se qui se passe en Alsace déroge le plus souvent au droit commun français : statut notarial particulier, régime de sécurité social antérieur au régime français actuel, jours fériés (religieux) supplémentaires hérités du Concordat tout comme l'enseignement religieux, statut des SARL (société à responsabilité limitée) préexistant avant que le droit commercial ne l'adopte et l'adapte au droit français, fourniture d'électricité confiée à l'Electricité de Strasbourg et non à l'EDF d'autrefois !
Cette interprétation très matérialiste de ce qui touche à la lumière, ne doit pas faire obstacle à l'analyse spirituelle qui justifie l'importance, au plan humain, de ces célébrations. La duplication des marchés de Noël dans la capitale et bon nombre de villes françaises ne s'inspire que de la première approche. Malgré tous les efforts déployés, il y a comme un manque. L'esprit de Noël ne se résume pas à ces seules boutiques même avec l'odeur de vin chaud. Quelque chose anime les marchés de Noël d'Alsace, comme ceux des pays du Nord et de l'Est, car ils s'appuient sur une tradition qu'il faut bien nommer comme chrétienne et qui fait partie de leur histoire.
Les crèches : Il faut oser par ces temps où le terme "laïcité " s'invite dans tous les débats et commentaires de faits sociaux, au point que certains l'ont parfois compris et ériger en dogme à l'égal d'une religion. La sémantique peut être trompeuse et la subtilité qu'implique sa compréhension bien loin d'être comprise du plus grand nombre ! Pas comprise au sein même de la nation française, on comprend qu'elle puisse poser problème au niveau international. Avoir ou ne pas avoir de religion relève de la sphère privée et le vivre ensemble implique le respecter ce tout ce qui fait l'Etat. Faut-il alors se scandaliser de la présence de crèches dans le domaine public ?
L'Alsace y répond d'une certaine façon en s'abritant derrière le statut concordataire pour légitimer auprès de ceux qui s'en offusquent, cette liberté prise avec la religion. Elle ne posait aucun problème, dans ces départements de l'Est du pays, car enseignée au sein même de l'école publique par les représentants de tous les cultes ; à l'instituteur, le cours de moral pour les athées. A l'histoire de venir au secours de toutes ces explications pour objectiver l'arrêt sur image que sont ces marchés de Noëls, qui monopolisent le propos !
Ce sont bien les sentiments nationaux qui compliquent les choses et le sort de l'Alsace et de la Lorraine en est la preuve. Ballotée entre la Prusse et la France, c'est à la guerre de 1870 que l'on doit un intérêt certain pour ces départements perdus ainsi que la Lorraine. La tradition du sapin de Noël franchit à ce moment là les Vosges pour essaimer en France. En 2021, la ville de Sélestat célèbrera les 500 ans du 1er sapin de Noël comme en atteste un écrit de 1521 . Pas de sapin sans sa crèche !
Tout se tient et quelle belle ironie des choses quand un fait religieux devient argument commercial. Libre à chacun d'y voir ce qu'il veut, la liberté de penser étant encore un grand principe du droit français. Côté spirituel l'apôtre saint Paul écrivait aux chrétiens de la ville de Corinthe : "Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Cor 3,17).
Illustration : plan des marchés de Noël à Strasbourg référençant le nombre de chalets de chaque marché et possibilité, par un lien internet, de rechercher et de commercer avec un artisan.
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