Deuxième année sans célébration
Il était devenu de tradition, depuis 2012, de célébrer cette fête à la chapelle Notre-Dame-de-la-Croix pour la distinguer des célébrations courantes et souligner aussi l'aspect marial de la dévotion, telle qu'elle fut révélée à sainte Faustine en 1931. Ce dimanche 11 avril 2021 sera, il faut l'espérer, la dernière entorse à cette nouvelle tradition d'une célébration annuelle et pérenne à la chapelle.
Ci-dessous : célébration 2020 vatican image google
Rendez-vous est donné pour le dimanche 24 avril 2022 ! Dans l'intervalle, une année complète pour en comprendre toute la portée et adhérer à cette voie de l'action qui montre cet autre visage de la religion, préoccupée par le devenir de l'humanité et le respect de la Création qui se traduit en termes écologiques.
Accepter de bonne grâce cette annualtion de la messe à la chapelle témoigne, en réalité, du respect de l'être humain confronté à un risque de contagion lors de réunions publiques, quand les conditions requises par les autorités publiques et religieuses sont difficiles à garantir. Une attitude pragmatique et réaliste qui n'enlève rien à la liturgie de ce dimanche, bien au contraire. Elle est application pratique de la primauté de l'action sur la contemplation. Le contre exemple a été tout récemment fourni par des célébrations pascales privilégiant une forme et une tradition poussées à l'extrême, au nom d'une liberté de pratique qui pose question dans un tel contexte. Entrer dans la dévotion de la Miséricorde divine, c'est justement refuser ce genre d'attitude... et donc faire ... de "la cancel culture catholique " ! Il s'agit en effet de dépasser ce qui a traditionnellement eu cours jusqu'à présent dans la pratique religieuse, qu'elle soit collective ou au niveau individuel.
Pour cela il faut partir de la mort sur la croix du Christ : sa motivation. Il faut ensuite réfléchir au contenu des textes des célébrations du Vendredi et Samedi saints jusqu'au jour de la Résurrection, qui fonde la foi des chrétiens, mais qui fait aussi obstacle. Enfin, comment la dévotion d'abord confiée aux chrétiens, finit par s'affranchir de tout sectarisme en prônant un humanisme qui ne peut être qu'universel... et que tous les hommes sont invités à partager !
Du complexe à l'évidence
Tout part de l'Amour de Jésus que sainte Thérèse de l'Enfant Jésus (au XIXe s) nous demande de mesurer, quand il est en croix, en ces termes :"Jésus brûle d'amour pour nous...Regarde sa face adorable ! ...Regarde ses yeux éteints et baissés ! ...regarde ses plaies... Regarde Jésus dans sa face... Là tu verras comme il nous aime" (Une pensée par jour avec sainte Thérèse, page 37).
C'est ce qui explique la Miséricorde de Dieu envers ses créatures et comme le souligne le pape émérite Benoît XVI (2005-2013) : «La miséricorde est en réalité le noyau central du message évangélique. C’est le nom même de Dieu… ». Expression reprise par le pape François dans son livre, "Le nom de Dieu est miséricorde" et soulignant, page 158, que : « Le respect de la Loi ne peut faire obstacle aux exigences de la dignité humaine ».
C'est le droit au pardon étendu à tous les hommes invités à écouter et à traduire en acte l'invitation au respect du prochain : Le « message de la divine miséricorde doit répande l’espérance dans les cœurs et devenir l’étincelle d’une nouvelle civilisation : la civilisation de l’amour ». (saint Jean-Paul II août 2002).
Voilà pour les fondements très loin d'avoir été développés et expliqués en ces quelques mots. Dans un certain sens, ceux qui s'entêtent à ne voir la dévotion qu'à travers le prisme de la prière ont raison d'une certaine façon ; c'est sans se poser les questions du pourquoi de tout ce contenu, de l'existence d'une fête, de l'image surtout. Cette dévotion comprend, prières, neuvaine, chapelet, heure dite de la Miséricorde ... Mais tout n'est pas que spiritualité, mysticisme et prière. Tradition certes mais à l'évidence rupture avec cette forme de religiosité classique en raison de cette image qui n'a rien de classique. A travers elle, c'est le parcours du Christ, une éthique de vie qu'il invite à suivre et qui ne requiert aucune estampille religieuse. C'est l'invitation pressente du pape émérite Benoît XVI à l’Eglise de renouer avec les sources du christianisme et à vivre selon cet esprit.
Quant à la célébration de cette messe, expressément demandée par le Christ à sainte Faustine, elle ne peut se dissocier de l'image qui n'a pas un rôle esthétique mais qui résume ses paroles : "« Je donne aux hommes un vase, avec lequel ils doivent venir puiser la grâce à la source de la miséricorde. Ce vase, c’est ce tableau, avec l’inscription : Jésus, j’ai confiance en Toi » (PJ 327).« Par cette image j’accorderai beaucoup de grâces ; que chaque âme ait donc accès à elle » (PJ 570).
L'évidence : L’image de la Miséricorde de Dieu
Elle est expression d'une réalité après la mort que notre imagination ne peut concevoir mais dont elle témoigne ; medium puissant car, l'avoir en mémoire ou sous les yeux c'est avoir intégré :
- Qu’une autre réalité de vie sous une apparence différente existe. Au point qu’à chaque apparition avant de se faire reconnaître, Jésus s’adresse à ses disciples en disant : « Soyez sans crainte » (Mt 28,10) ; « N’ayez pas peur » (Mc 16,6) ; « La paix soit avec vous » (Lc 24,26 et jn 20,19) ;
- Que la mort n’est pas le terme absolu ;
- Que la mort n’est pas la fin de l’être (l’âme a une vie...)
- Qu’elle libère de la peur de la mort et des conséquences qu’elle induit comme des comportements moralement incorrects ;
- Qu’elle est une puissance d’amélioration éthique de nos vies; ( lire Hélène Dumont)
- Que du Mystère pascal, elle est réalisation de la promesse. Pour jouir de tout cela, il suffit de placer sa foi en Jésus qui en est le chemin: « Jésus j’ai confiance en Toi »
Nb : Pour la petite histoire, genèse du tableau et de la divine Miséricorde
En 1931, le Christ demanda à sœur Faustine (Hélène Kowlaska 1905-1938) d’être l’apôtre de la divine Miséricorde auprès des chrétiens d’abord et de tous les hommes de la terre. Il lui donna mission de faire connaître le concept de Miséricorde divine. Il exigea que fut peint ce tableau avec sa mention (voir l’image ci-contre). 1ères expositions publiques 1934 et 1935, 26-28 avril, dans l’église du sanctuaire de Notre-Dame d’Ostra Brama (Pologne).
La tradition de l’Eglise et la fête de la Miséricorde
Le choix de ce dimanche permet d’approfondir, dans la liturgie de la messe, le doute, la foi et le pardon. Grandes questions qui se posent aujourd'hui et auxquelles il est bien difficile d'opposer des certitudes. De ce fait, le doute est admis et donne à réfléchir sur ce qui peut fonder la foi, comment et pourquoi s'en remettre à la miséricorde ?
Toutes choses qui ne sont pas intuitives et qui peuvent même destabiliser par rapport à une tradition de la Parole très conventionnelle. C'est justement ce qu'il conviendra de faire bouger, car il y a là matière à témoigner par l'exemple et l'action sans se soucier de convaincre du bien fondé d'une religion. Cette dévotion a en elle cette ouverture au monde. En privilégiant l'action à la prière elle bouscule bien des certitudes pour ne pas les désigner comme des habitudes qu'on ne remet plus en cause ! Car … « quand les paramètres ont changé en termes de population, de territoire, de culture, ne serait-il pas opportun que tous les acteurs concernés prennent le risque de ne pas renouveler à l’identique le dispositif établi et de le réévaluer à l’aune de l’esprit et non de la lettre ? » C’est là le défi de l’Eglise que de convaincre d’abord ses fidèles de l’excellence de cette voie et d’agir pour « les périphéries ». Pour cela il lui faut combattre l’utile et mortelle répétition… Sources : Jeancasenave.blogspot.com 31 mai 2019 « Eclats de vie, réflexions d’un prêtre du pays des Gaves
Le mot de la fin à Jésus :
« L’humanité ne trouvera pas la paix tant qu’elle ne se tournera pas avec confiance vers la Miséricorde de Dieu »
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