Le Concordat au quotidien
Les opposants à ce régime font grief de l'absence de la mention de l'islam. C'est méconnaître l'histoire.
Cette religion aurait fait partie intégrante du texte initial "si l'islam avait été présente en France au XVIIIe siècle. Mais il n'y avait pas d'islam en France". Et comme évoqué dans l'article qui précédait, le Concordat a été élargi dans ses droits en engagements aux deux cultes protestants et au culte israélite.
Un autre grief porte sur la nomination des prêtres en Alsace et leur rémunération par des fonds publics en feignant d'ignorer la nomination d'imams et leur rémunération par des pays étrangers (Voir aussi les débats sur l'Islam en France/ Islam de France ; que faire ? comment faire en l'absence d'une organisation structurelle comme en disposaient le christianisme et le protestantisme - sens large du terme ?.
Et que dire du prétendu régime liberticide que véhiculerait le Concordat pour revendiquer son abrogation ? Il a été démontré, qu'en réalité, il défend le mieux le droit de ne pas croire et qu'au contraire, il y aurait tout à craindre d'une laïcité hégémonique au nom de sa défense. Se souvenir que la Révolution française a donné la citoyenneté aux juifs et que le Concordat a donné un statut à leur culte. Cet écrit est aussi "garde-fou" devant tout sectarisme au sein des religions menacées par leurs propres "ultras". C'est ainsi que les juifs ultra-orthodoxes d'aujourd'hui ne sont pas reconnus par le Concordat.
"Au quotidien, le Concordat est un double langage. Le bureau des cultes ne connaît pas, par exemple, les diacres qui ont été établis par Vatican II. .. Il ne connaît que les paroisses, pas les communautés de paroisses. De même de plus en plus de laïcs sont rémunérés car il y a eu dans les années 1970 une promotion de l'engagement des laïcs"(Nb : N° 4 Ami Hebdo 28/01/2024 page 13 propos du chancelier Bernard Xibaut - signé Joël Hoffstetter)
Quid de la laïcité et/ou du Concordat ?
"Le terme de "laïcité", trop souvent méconnu quant à ses racines historiques, reçoit des interprétations différentes ou contradictoires et, par là, des usages parfois peu compatibles.
Pour les uns, c'est un principe de liberté donné à la société et aux confessions qui y sont présentes ; pour d'autres, c'est un moyen de lutte contre les religions en général. Pour d'autres encore, c'est l'affirmation d'une civilisation de la raison dans l'espace public."
Le Concordat, réponse à des problèmes d'une époque , est-il toujours aussi pertinent deux siècles après ? En effet, au-delà des cultes statutaires (catholicisme, protestantisme, judaïsme) il y a aussi les cultes non concordataires (islamisme, bouddhisme) qui peuvent interférer dans la vie des personnes? Faut-il avoir une religion ? Quel avenir pour le Concordat ?
Ces questionnements correspondent aux interrogations du présent perturbé, de toutes parts au national comme à l'international, par des évènements dramatiques et des changement sociologiques, économiques, technologiques et scientifiques surtout. Tout est à repenser, mais le recul nous fait défaut.
Il y a fort à penser que la situation objective créée par l'application du Concordat en Alsace et Moselle apporte la démonstration des rapports apaisés entre l'Etat et les cultes statutaires, permettant à ces derniers de convaincre leurs fidèles de l'utilité de cette concorde et de sa mise en œuvre concrète tant dans la sphère publique que privée : une façon de faire corps quand d'autres perdent tout repère.
Quid de notre époque ?
L'observation objective de l'état de la société contemporaine marquée par l'individualisme, la montée des violences (tant personnelles qu'étatiques) est un amer constat du recul des repères judéo-chrétiens [comme islamistes (cf. article traitant de Mayotte)]. Ils ont pourtant influencé "la morale de la République" qui se dessine au travers de son arsenal juridique. Il faut bien reconnaître que les autorités religieuse comme étatique peinent à imposer leur autorité et ne font plus consensus.
Il manque une vision qui fasse l'unanimité pour tendre à un idéal du bien vivre ensemble à une époque où l'individualisme règne en maître et l'autre pas le bienvenu, sauf à nous ressembler.
A cause de leurs défauts et excès, les religions ont failli et se compromettent dans des états théocratiques. La correction voulue par l'Etat laïque, comme en France, n'apporte pas plus la preuve de sa réussite à combler tous ses citoyens ; il les oppose même ! L'individu va chercher très loin, partout et dans tout, ce que le matérialisme ne satisfait que temporairement. L'individu est aussi un esprit qui se nourrit d'une certaine spiritualité.
Le temps semble venu d'interpréter autrement ce qu'
"Un homme, parmi les hommes, [est] venu nous apprendre à vivre, un peu comme lui, dans le don de chaque instant."( M Wackenheim Noël : vivre dans le don de chaque instant n° 52 24/12/2023 Ami Hebdo)
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